Il faut assurer la relève !
Luca est un élève du Cycle d'Orientation (CO) de Martigny en dernière année. Au travers de cet article, il nous propose un retour sur ses expériences durant cette période de pandémie, son point de vue de jeune en transition vers le monde professionnel, les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui, les besoins et les attentes qui sont les siens aujourd’hui.
Bonjour Luca, pourrais-tu nous dire quelques mots sur toi ? Je m’appelle Luca et j’aurai 15 ans au mois d’août. Je suis en dernière année du CO à Martigny. Je suis passionné de sciences et de culture japonaise.
Comment as-tu vécu cette année particulière et qu’en as-tu retiré de positif ? Alors étonnamment cette année a été une année comme les autres pour moi. C’est une très bonne chose que l’enseignement a pu être donné sans interruption pendant la pandémie. J’ai pu suivre normalement le programme prévu et nous préparons maintenant comme il faut les examens cantonaux qui permettront d’obtenir le diplôme du CO.
Tu es en dernière année du CO. Que prévois-tu pour la suite, plutôt collège ou apprentissage ? J’aimerais faire un apprentissage pour obtenir un CFC d’informaticien. J’adore en particulier le développement informatique et l’administration réseau.
Merci, comment t’est venue l’idée d’informaticien CFC ?
Dès mon plus jeune âge, j’ai été attiré par les métiers de l’informatique. En 2018, j’ai suivi une formation passionnante à l’EPFL où j’ai appris à construire et à programmer un robot. J’ai compris que c’est vraiment le métier que je veux faire. Ces derniers mois, j’ai réalisé plusieurs stages en entreprise qui m’ont donné très envie de me lancer rapidement dans le monde professionnel, d’où mon choix de faire un apprentissage.
Comment imagines-tu le monde professionnel qui va s’ouvrir à toi ? Même en étant très optimiste, je n’arrive pas à voir le ciel de notre génération s’éclaircir. Je rêve d’un monde professionnel où les jeunes ne doivent pas se battre pour apprendre et travailler. Je pense que c’est un droit que nous avons.
Tu nous as dit ne pas avoir trouvé de place d’apprentissage. Quelles démarches as-tu entreprises et quels en sont les résultats ? J’ai effectué plusieurs stages en entreprise pour découvrir le métier. J’ai envoyé de nombreux dossiers de candidature. Il m’est arrivé d’avoir quelques rares réponses (négatives). La plupart des entreprises ne prennent pas le temps de répondre et je trouve ça dommage. Mes copains de classe vivent la même situation.
C’est peut-être difficile pour toi de l’envisager, mais comment comprends-tu cette situation ? C’est juste difficile à comprendre. On nous dit que dans les 5 prochaines années, la Suisse manquera de dizaines de milliers d’informaticiens. Par contre, les entreprises qui engagent des apprentis sont tellement rares et les places sont chères.
J’ai postulé dans une entreprise où j’ai passé des tests d’entrée. Nous étions très nombreux ! Il y avait même des adultes qui étaient là en mode reconversion et des jeunes qui sortaient du collège, mais qui ne voulaient plus aller à l’université. Alors, ils se rabattent sur un apprentissage d’informaticien. Les jeunes qui terminent le CO ont peu de chances face à eux.
Quelles pistes as-tu envisagées si ta situation devait rester la même qu’aujourd’hui ? Connais-tu les possibilités de transition qui existent ? Franchement, je ne sais pas. Je m’accroche à l’idée qu’une entreprise va croire en moi au dernier moment. Je pense que je vais quand même commencer l’école pendant les trois premiers mois sans avoir trouvé de patron. Ça me donnera déjà une bonne idée du programme que nous suivrons et ça me laissera trois mois de plus pour trouver une entreprise. Après ça, on verra. J’hésite entre un stage linguistique ou une autre solution que je ne connais peut-être pas encore.
Merci Luca, comment pourrions-nous t’aider concrètement aujourd’hui ? Vous le faites avec cette interview. Vous aiderez les jeunes comme moi en expliquant aux entreprises la gravité de notre situation.
Pour conclure notre rencontre, aurais-tu un message à faire passer ? On nous explique que les entreprises souffrent beaucoup en ce moment et je peux dire que les jeunes comprennent bien la situation. Je peux me tromper, mais je pense qu’engager un apprenti n’est pas monstrueusement coûteux ou risqué pour les entreprises. Par contre, ne pas nous engager sera beaucoup plus coûteux et risqué dans 5 ans pour les entreprises. Nos profs et beaucoup de politiciens n’arrêtent pas de dire qu’ils comptent sur nous pour l’avenir. Pour ça, il faut commencer par nous permettre d’apprendre et de travailler. |